Depuis plus de 15 ans je photographie les grands singes au Rwanda, en Ouganda et en République Démocratique du Congo. Mais tout s’est arrêté net au printemps 2020 avec la pandémie.
Grace au travail de suivi scientifique et de protection initié par Dian Fossey jusqu’à son assassinat en 1985, depuis, les gorilles de montagne ont pu bénéficier d’une protection unique dans l’histoire de la conservation de la nature.
Aujourd’hui, en tant que photographe, je me demande légitimement, malgré toutes les précautions qui sont déjà prises sur le terrain, s'il est raisonnable de continuer à aller voir les gorilles dans leur environnement sachant que potentiellement, l’humain peut transmettre le coronavirus à un grand singe ?
L’arrêt des visites touristiques pendant de long mois dans les parcs nationaux a déjà montré ses effets dévastateurs sur l’économie de la préservation de la nature.
En coupant net les rentrées de devises étrangères, le manque d’argent signifie à court terme l’arrêt d’un système de protection pourtant très efficace.
Comment continuer à surveiller les gorilles si on ne peut plus payer les gardes ?
Les autorités de protection de la nature des pays concernés sont donc confrontées à un nouveau problème complexe.
Les scientifiques se posent également la question. Comment concilier la protection de l’espèce par le tourisme, avec sa protection sanitaire, car il n’est pas question de prendre le moindre risque. Si le coronavirus entrait dans un groupe de gorilles de montagne, le risque d’éradication de l’espèce, toute aussi sociale que l’espèce humaine, serait maximal.
Une étude internationale est donc en cours pour demander à celles et ceux qui ont déjà eu la chance d’aller voir les grands singes (ou ceux qui planifient de le faire), et en particuliers les gorilles de montagne, quelles seraient les mesures que les visiteurs seraient disposés à prendre sur le terrain afin de mieux protéger les gorilles lors d’une prochaine visite :
Le magazine National Geographic vient d'ailleurs d'en parler ce mois-ci en illustrant le propos avec une de mes images prise au Rwanda.
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